Vous avez dit 12 juin ?
Elle a sept ans. Ou huit. Non, sept pardi !… Peut-être six, qui sait. Enfin j’en doute, puisqu’elle-même ne sait guère son âge. On lui en eût donné sept à vue de pays. Son nom ? elle met du temps à vous l’ânonner.
C’est dire qu’elle est par trop gosse, par trop enfant pour faire la tâche qui est la sienne. Mais la voilà chargée de vendre des bananes dans les rues par une marâtre. Une mère, peut-être… Par une marâtre de mère.
Pour l’en décharger, j’ai tôt fait d’acheter plus de fruits que je n’en désirais.Geste d’une futilité sans nom : sitôt rentrée, elle se verra encore confier d’autres régimes de bananes, sous lesquelles on voit bien qu’elle transpire à n’en plus pouvoir.
Des enfants-travailleurs, on en rencontre à la pelle dans la capitale. Je n’ose parler de ceux situés dans des milieux reculés. Les vacances ont repris, et avec elles la tâche des marmots. De repos après les classes, point. Que voulez-vous, il faut qu’ils fassent bouillir la marmite !
Quand des enfants, quels qu’ils soient, sont mis à contribution en vendant qui des noix de coco, qui des savons, qui des balais, qui de l’argenterie et autres accessoires tous plus encombrants les uns que les autres, l’éducation d’un avenir s’en trouve bâclée. Une vie s’en trouve ébauchée. Et un 12 Juin, Journée mondiale contre le travail des enfants, n’a de célébration que le folklore.
Crédit-Photo : Lamine Guidoboni
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