Le chien d’Alcibiade, le feuilleton Agbéyomé et la politique togolaise

Article : Le chien d’Alcibiade, le feuilleton Agbéyomé et la politique togolaise
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13 juillet 2020

Le chien d’Alcibiade, le feuilleton Agbéyomé et la politique togolaise

Dans ses Vies parallèles des hommes illustres, Plutarque (vers 46 après J.-C.) en a consacré une à Alcibiade, homme politique et général athénien du Ve siècle avant J.-C. Il y raconte l’anecdote que voici : Alcibiade avait un chien remarquable par sa taille et par sa beauté, et qui lui avait coûté soixante-dix mines ; il lui fit couper la queue, qui était son plus bel ornement : ses amis lui en firent des reproches, et lui rapportèrent que cette action était généralement blâmée et faisait mal parler de lui. « Voilà précisément ce que je demandais, leur dit Alcibiade en riant. Tant que les Athéniens s’entretiendront de cela, ils ne diront rien de pis sur mon compte » (Vie d’Alcibiade, 9)

Il y a dans les convocations à répétition d’Agbeyomé Kodjo ce je ne sais quoi qui rappelle la ruse bellement troussée par le roué d’Alcibiade. Que de dérobade, de faux-fuyant depuis le début de la crise sanitaire. À seule fin : détourner les attentions des Togolais des réels problèmes qu’ils ne sauraient, les pauvres, éviter.

Combat contre des moulins à vent

Quand les députés ne se retrouvent pas au parlement pour adopter à l’unanimité le projet de loi sur l’utilisation du nucléaire, c’est le pouvoir lui-même qui prend les devants. Il s’en prend à celui qui dit avoir gagné l’élection présidentielle de février dernier. Un non-événement qui serait déjà du passé, n’était l’assiduité que mettent les autorités à en rabattre les oreilles des citoyens.

Un vaudeville malsain. Plus triste que gai. Plus morose que drolatique et, in fine, désobligeant pour les citoyens qui, dans le même temps, se demandent à quelle sauce ils vont être mangés à terme, dans un Togo de plus en plus économiquement avachi. Dans un Togo où les citoyens en sont à chercher comment vont-ils pouvoir joindre les deux bouts les jours à venir sur fond de crise sanitaire, l’Etat n’a pas vocation à livrer des combats contre des moulins à vent.

S’attaquer aux réels besoins des Togolais

Les réels problèmes sont bien là : l’argent du contribuable que des criminels financiers n’ont de cesse de détourner, le mieux-être hors de portée de la majorité des citoyens… Mais ces choses sont traités en quantité négligeable chez les Gnassingbé. En donnant ce vaudeville insoutenable où les militaires sont mis à contribution pour mieux jouer leurs rôles de farceurs, Faure Gnassingbé et sa clique passent tout benoitement à côté des nécessités qui occupent par les temps qui courent l’esprit des Togolais.

Ce n’est pas le fait qu’Agbéyomé Kodjo se soit déclaré vainqueur d’une fantomatique élection qui les intéresse. Non plus que de savoir qui des deux prétendants a vraiment gagné les élections. Ils sont depuis longtemps désabusés par cette chose qui est si rigoureusement appliquée sous d’autres cieux et qu’on appelle la démocratie. La dictature d’un système en déliquescence aidant. Les autorités, au lieu de s’aliéner l’esprit des citoyens, doivent plutôt s’attacher à l’organisation d’une politique pour une fois sociale. S’échiner à donner dans la politicaillerie, c’est faire preuve d’une incompétence de trop.

Kossivirtus

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