Le climat, ce parent pauvre de nos parents

Article : Le climat, ce parent pauvre de nos parents
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24 mai 2020

Le climat, ce parent pauvre de nos parents

Un soir de février dont je ne veux me rappeler l’année. Aucune importance. Il me souvient seulement de m’être pris, le temps d’un décryptage, d’affection pour un homme – polémiste s’il en est— dont les sorties ont souvent eu le don de faire ruer dans les brancards plus d’un « citoyen du monde », et valu à son auteur maintes menaces.

Sil est passé maître dans l’art de la provoc, certaines de ses sorties, fussent-elles rares, n’en méritent pas moins le détour. Ceci soit dit par précision, je ne suis pas homme à prendre fait et cause pour une personne dont les prises de position restent aux antipodes de ce qui pouvait exister de mieux en fait de vivre-ensemble. Aussi ne m’imputera-t-on pas à crime d’avoir fait la part du diable pour avoir opiné du bonnet devant un commentaire écoresponsable signé Éric Zemmour. Excusez du peu. Il ne s’agit pas de faire ici l’éloge de l’homme pour si peu, mais le commentaire qui était le sien sentait si bien son élégance, que j’avais un temps oublié de quoi ses polémiques pouvaient être le nom.

Commerce mondial, pollution : même combat

Pour polémiste qu’il soit, l’auteur du Suicide français sait montrer patte blanche. À ses heures. Autant il dérange, autant je n’hésite, ni peu ni prou, à faire miennes ses idées sur l’environnement, pour peu qu’elles soient pertinentes.

La panique s’est emparée du monde entier depuis la flambée de la maladie coronavirus 2019 (COVID-19) qui a été signalée pour la première fois à Wuhan, en Chine, le 31 décembre 2019. Économistes, journalistes, éditorialistes, j’en passe, évaluent les fractures économiques qui en découlent.

Conscients que leur avenir sera difficile, entre la fonte des glaces, l’élévation du niveau de la mer et la pollution, ces jeunes, nombreux, sont plus que jamais aux avant-postes de la lutte contre le changement climatique. Ils entreprennent de changer leurs modes de vie, n’hésitent pas à ne plus manger de viande, se déplacent à vélo, prennent des douches plutôt que des bains, limitent les déchets, sensibilisent leur entourage et, last but no least, sèchent les cours parce que la planète sèche. Ils le font moins pour renvoyer l’image d’un ‘’don Quichotte du climat’’, que pour sensibiliser sur la réduction des émissions de CO2 qui proviennent essentiellement de la combustion d’énergie et la consommation qui représente la part la plus importante des gaz à effet de serre.

De l’avis de beaucoup, le monde se dirige vers une crise économique mondiale. Et si l’économie chinoise est sinon à l’arrêt, du moins piétine, les affaires des entreprises dans le monde ont du plomb dans l’aile. De quoi rendre inquiets certains commentateurs qui épiloguent qui sur la baisse du prix du pétrole, qui sur les matières premières et les métaux (le cuivre, l’acier) dont les cours sont au ralenti, qui sur la perspective d’une sino-dépendance. Tout ou presque est passé au crible, et comme pour se donner du cœur, il en est qui n’hésitent pas à jouer la carte de l’optimisme : une bonne santé économique mondiale serait tout de même encore possible.

Soit. Il n’empêche que le pétrole voit régulièrement son coût chuter : on consomme moins, donc on produit moins.

Évoquant  la (fameuse) Coupe de Gauss à laquelle aucune épidémie ne saurait échapper, le journaliste Marc Menant fait le pari du retour des jours heureux : « Ça monte, ça monte, ça stagne et après ça redescend », soutient-il, ajoutant que « toutes les statistiques sont formelles durant l’histoire ». Pas question pour lui donc de céder à la panique, même si les chiffres avancés par son confrère Éric de Riedmatten font quelque peu froid dans le dos. À en croire ce dernier, à cause de ce mal qui répand la terreur, les Brésiliens ont vu leur exportation d’acier chuter de 30 %, selon les chiffres de l’UBS, une société de services financiers.

C’est alors qu’Éric Zemmour (éditorialiste et écrivain) lance à la face de ses contradicteurs d’un soir que cette épidémie n’a pas que des inconvénients: « Moi j’aimerais voir du positif, pour une fois, martèle-t-il. Par exemple, moins de commerce mondial, donc moins de supertanker, donc moins d’avion, donc moins de CO2, et donc moins de pollution ». Le mot est lâché. Encore une fois, Zemmour a fait du Zemmour.

Farouche opposant de la mondialisation et tout ce qui va avec, Éric Zemmour  a, d’aussi loin que je me souvienne, toujours tenu pour des chimères tous les «contrats» qu’effectuent les dirigeants européens avec Pékin. Grand bien lui fasse !

crédit-photo: liberation.fr

Ce qui nous importe ici, ce n’est pas tant le souhait de l’essayiste de voir le commerce avec la Chine tourner court, que le tapis rouge qu’il a déroulé à l’environnement. Tout est là : la pollution de l’air provenant des oxydes d’azote émis par les véhicules à moteur se poursuit. Et c’est un geste fort que de plaider pour sa diminution qui reste un des grands facteurs du dérèglement climatique.

S’engager, ou assumer ses actes

Dans le même temps, on se désole du fait que, malgré l’urgence du contexte, jamais le climato-scepticisme – et tout ce qu’il compte en son sein de partisans, zélateurs et sigisbées – n’a aussi bien porté son nom que par les temps qui courent. On a beau dire, chaque Bolsonaro en cache un autre, chaque Trump et autres Duterte en font autant.

On parle pourtant d’un temps pour le moins critique, un temps que même les moins de vingt ans connaissent mieux que leurs aînés qui, devant le danger que représentent les enjeux climatiques, ont montré leurs limites.

Nous n’allons tout de même pas rester en retrait d’autant d’engagement d’une jeunesse aussi motivée pour une cause aussi noble et dont l’avenir de tous dépend. À charge donc pour chacun de l’épauler. De peur qu’elle ne nous dise un jour : « Pendez-vous ! Nous avons combattu pour le climat, et vous n’y étiez pas. »

Dansoukossivirtus

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